dimanche 3 août 2008

Jour 50: L'autre côté de la montagne

177 km. Cum: 7312 km.


Eugene, OR - Après 50 jours, pédaler est devenu comme un mode de vie. Même si j'ai roulé 177 km, j'ai presque envie de dire qu'il ne s'est rien passé de spécial. Vous savez, ces journées au travail avec trois réunions périodiques, 125 emails, deux appels conférences qu'on entend rien, le redémarrage de notre poste suite à une mise-à-jour logicielle, le concept qu'on a réussi à illustrer sur une acétate et celui qu'on ne réussira jamais à dessiner, la marche au casse-croûte avec les potes, le chiffrier qui ne balance pas, le mémo qu'on a rédigé de rage et qu'on n'envoie pas car on a plutôt appelé le destinataire pour étouffer le conflit qui n'en était pas un... Chéri, qu'est-ce qui s'est passé au bureau aujourd'hui ? Rien de spécial...


Je suis parti à huit heures après m'être empiffré à la salle à déjeuner très bien garnie de ce Best Western. Beaucoup de nuages ce matin, ce qui décourage mon plan de trouver un plan parfait pour photographier les Three Sisters. Toutes les montagnes environnantes sont dans un mélange de brouillard et de cumulus. La montée vers Santiam Pass est presque trop facile. J'ai ressorti la carte pour être bien sûr d'être sur la bonne route. Après 20 km, je n'avais pas gagné 50 mètres. Ça a fini par prendre de la pente et à 1000 m d'altitude, j'ai sagement mis mon cuissard long et mon jacket, car ça commençait à ressembler à un matin d'octobre.


J'ai encore vu une pancarte "Do not pass snowplows on the right" (Ne pas dépasser les charrues à neige par la droite). Comme dirait le patron, de deux choses l'une: ou bien l'indication est destinée aux résidents du désert qui ne saurait pas reconnaître l'engin déneigeur; ou bien les automobilistes du coin sont si imprudents qu'il est nécessaire de leur rappeler les consignes les plus évidentes. Si c'est cette dernière alternative qui s'avère, ce n'est pas très rassurant pour moi. Comme j'ai aussi vu des pancartes qui rappellent qu'il est interdit de dépasser sur une ligne pleine et qu'il faut arrêter pour un autobus scolaire qui embarque et débarque des écoliers, je regarde souvent dans le miroir. Des cours de conduite peut-être ? Rien de fâcheux jusqu'à présent même que plusieurs automobilistes en sens inverse font chanter leur klaxon en me saluant.


En haut du col, quelques gouttes de pluie. Toutes les montagnes qui devraient être visibles sont totalement couvertes par les nuages. Même si je suis loin du 11500 pieds du col de Hoosier, j'ai quand-même quelques papillons comme c'est le dernier col à traverser aux USA. Quelques centaines de mètres plus loin, je croise la Pacific Crest Trail. Un clin d'oeil à mon expédition avortée il y a 10 ans. Autrement, l'ambiance est lugubre, les arbres étant totalement épilés. Peut-être un parasite, peut-être le poids de la neige. Qu'à cela ne tienne, la descente est parfaite avec les courbes bien dessinées et la pente idéale. L'apport d'humidité de l'océan est évident. La forêt est dense, les arbres s'ambitionnent en hauteur, la rivière Mackenzie est torrentielle. Les nuages menaçants n'ont rien produit, mais en l'absence de soleil, la température n'a pas dépassé 25 C.


J'ai fait la pause lunch à Mackenzie Bridge où j'ai lu un message délicieux de Monia qui m'a recopié un bout de la chronique de Foglia de ce matin. Il est parti pour Pékin en vélo de chez-lui. En fait, il a fait le trajet jusqu'à l'aéroport de Burlington en vélo, alors que sa fiancée apportait les bagages en voiture.


L'après-midi s'est déroulée à plus de 25 km/h dans un couloir d'arbres avec la rivière qui coule à quatre épaisseurs d'arbres de la route. On n'entend la rivière couler en vélo que lorsqu'on la remonte, car à plus de 25 km/h, le sifflement du vent est trop fort. Tout un patchwork d'images circulent dans ma tête pendant que je mouline: Alvin Hillhouse, Mononcle Jack, le peintre Zoulou, Brock O'Black, Ti-cul Durand, le grand Jacques... Pathétique, mais combien hilarant. Si on voit le film de notre vie juste avant de mourir, j'espère qu'on a droit à ces bloopers et scènes coupées au montage. Je suis arrivé à 16:30 dans la grande ville, ma chambre réservée pas encore prête et encore une fois, c'est No Vacancy. J'ai déja réservé pour demain soir sur le bord du Pacifique...


Je n'ai pas souvent accès à un ordinateur, mais récemment j'ai pu voir le travail de Eric Garant sur sa carte de mon trajet. C'est une initiative géniale, une belle marque de soutien et une véritable leçon de Google Maps. Avouez que cette carte est indispensable au blog. Garant, je te promets une belle grande ligne sur ta carte pour demain. Merci.


Phil Hinrichs a déja dit: "Stories are the currency of a good life" qu'on pourrait traduire par: "Une vie remplie se transige en bonnes histoires". Aujourd'hui, peu de nouvelles devises, mais comme Yogi Berra l'a déja dit: "Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini". Vent de début.


44.0816, -123.0412

4 commentaires:

Unknown a dit...

Tu peux aussi chanter "Et c'est pas fini"(c'est rien qu'un début...) de Stéphane Venne. Je te souhaite de ne pas avoir cette chanson dans la tête toute la journée. Bye

Anonyme a dit...

A mon grand cousin préféré!! (C'est pas un secret pour les autres que c'est son nom que je pleurais quand on quittais Cabano dans mon enfance!!!)

Je n'arrête pas de "pas en revenir" ...Je n'ai pas souvent accès a internet mais la première chose que je fais en ouvrant, c'est d'aller te voir. Je viens de montrer a André et aux enfants et ils n'en reviennent pas. Lâches pas, je suis tellement fière de toi. Je pense a toi souvent et j'en profite pour te dire qu'a ton retour, comme je suis en maladie pour encore qq mois, j'aimerais beaucoup avoir un résumé "live" de ton périple...soit chez moi ou chez toi. C'est un rendez-vous! J'ai bien hâte de te voir. Je continue de te suivre et je t'envoie des ondes positives et de l'énergie de Fitzback! Grosse bise, ta cousine préférée...(toi t'as pas le choix!!!) Nath

Anonyme a dit...

Hey, Hey, jusqu'à Alvin qui fait patie de ton voyage, c'est fou jusqu'où on peut divaguer lors d'une sortie de vélo. Est-ce qu'Alvin était en kimono dans ta vision?

J'avais l'habitude de suivre à l'occasion le tour de France sur le canal Évasion. Et bien cet été, ton blogue a été mon canal Évasion,
lâche pas!

Et voici, pour t'accompagner, la toune fétiche d'Alvin...
'When the moon hits the sky
like a big pizza pie
it's Amore!...'

Dominique Tessier
(alias Dale Cannon)

Anonyme a dit...

"Well hello there Eric....this is Alvin speaking" (j'espère que tu entends l'accent d'Alvin dans ma "voix"!!) Ben oui, c'est le "Alvin Imitator #1", Bob Ossington...... On moins ca pris 50 jours avant de penser à lui!!! Incroyable comment il a réussi à marquer nos vies! Eh, en passant....ton ami Brock ne travail plus chez IBM....Laches-pas Eric. Un voyage incroyable et inoubliable (pour nous aussi!)
Bob O.