vendredi 15 août 2008

Jour 63: Monsieur Bricole

0 km. Cum: 8933 km.


Banff, AB - Je me suis levé un peu grognon. Dans le premier tiers du voyage, ça me prenait quelques secondes au réveil pour réaliser que j'étais en train de faire cette expédition. Ensuite, c'est devenu la normalité et je n'étais plus surpris de me réveiller à côté de mon vélo à chaque matin. Ce matin, ça a pris quelques secondes pour réaliser que j'avais failli crever la veille, qu'un paquet de clopes échappé m'avait envoyé dans le décor, que je devrai raconter cette maudite intermède chaque fois que je raconterai ce voyage "Ouain, j'ai fait Lake Louise en camion" et que je dois solutionner mon problème de porte-bagages éventré avant ce soir si je veux repartir demain.


Ça ne sert à rien de grogner, c'est passé et il faut vivre avec. Ce qui ne nous tue pas nous rend meilleur. Je n'ai pas plus mal qu'hier et rien ne s'est infecté, c'est déjà ça de gagné. J'ai commencé par trouver à déjeuner. Je plains les pauvres ici... De retour à la chambre, j'ai mis à contribution la colle Epoxy pour recoller la fixture de plastique qui forme l'armature du sac. J'ai laissé sécher ça, j'ai suivi les conseils de ma mère et je suis allé au Mont Sulphur via le billet de bus gratuit (!) fourni par l'hôtel.


Ce sont les sources chaudes de cette montagne, découvertes au 19e siècle, qui sont à l'origine de la création du parc national. Comme c'est de la glace qu'il faut que je m'applique aux fesses, je ne visais pas les bains, mais plutôt la gondole qui mène au sommet. J'ai toujours les mains moites dans ces trucs, je suis plutôt du genre à monter à pied. La vue est vraiment splendide sur la ville, la rivière et les montagnes environnantes. J'ai l'impression de faire une connexion spéciale avec ma mère qui a fait la même visite il y a une couple d'années. J'aurais aimé voir plus d'animaux sauvages, mais seuls un tamia et une marmotte se sont montré le museau. Il n'est pas rare d'y voir mouflons et chèvres des montagnes. La redescente est encore plus moite aux mains, comme j'ai la mauvaise habitude de regarder les câbles d'acier et le mécanisme. Parfaitement synchronisé avec l'autobus rendu en bas, je reviens au centre-ville.


Je passe à la quincaillerie, ayant réfléchi distraitement dans les hauteurs à la réparation de mon sac. C'est un sac en nylon et il s'est rompu sur presque toutes les coutures, en particulier au niveau de la fermeture-éclair principale. C'est bien beau le duct-tape, mais comme je n'ai pas affaire à un coffre de voiture mais plutôt à du tissu sans structure, il faudra quelque chose de plus adapté. Dans la section de l'équipement de camping, je tombe sur un nécessaire pour réparation de tente qui inclut une belle bobine de fil de nylon et une longue aiguille. Plus loin, de grandes rustines de nylon autocollantes, du velcro, des ciseaux et l'incontournable duct-tape. Je vais faire de la couture. Là, j'espère avoir une autre connexion avec ma mère, souhaitant qu'elle m'ait transmis un soupçon de ses talents de couturière...


Je me suis ramassé un grand café latte, je suis monté à ma chambre, ouvert la télé à la SRC aux épreuves d'athlétisme et j'ai passé cinq heures à soigneusement recoudre mon sac. Comme Kyle qui jubilait après sa crevaison réparée, mon sourire s'est agrandi à mesure que j'ai réalisé que ma réparation allait tenir la route. Une fois le sac bien cousu, j'ai recouvert les coutures avec les rustines de nylon et j'ai ajouté un peu de duct-tape pour la forme. Le velcro remplacera les élastiques stabilisateurs qui ont sauté dans l'accident. Je suis pas mal fier de ma job, réalisant qu'au lieu de le réparer, je l'aurais sûrement maudit à la poubelle si j'avais été à la maison...


En voulant retourner me promener en musique, j'ai découvert que mon iPod n'avait pas survécu à la chute. Je vais devoir continuer à chanter tout croche sans accompagnement. Sans musique dans les oreilles, force est de constater que les francophones envahissent Banff. J'ai même commandé mon Subway en français.


Je suis fin prêt à reprendre la route avec un sac plein de cicatrices, un maillot maculé de tâches tenaces de gazon que Tide n'a pas réussi à nettoyer et un sombre souvenir du col de Kicking Horse qui sera désormais pour moi le col du Kicking Truck. On the road again. Vent de recommencement.


51.1801, -115.5702

7 commentaires:

Unknown a dit...

Si papa aurait été là, il t'aurait certainement dit:

Mets ça dans * létoque *

Bon recommencement!

Unknown a dit...

Avoir su que tu savais coudre j'aurais attendu ton retour. Ça viens de me couter 11$ pour faire raccourcir un nouveau pantalon.

Anonyme a dit...

Éric,
Là je peux dire que tu me laisses bouche bé. Vraimment!!! J'ai regardé tes photos avant de lire ton texte... Wow, mais quelle réparation! C'est fou comment tout nos talents inconnus apparaissent aux bons moments.
À part de ça, je peux te dire que je n'ai jamais lu aussi vite en "diagonale"... Étant donné que j'ai encore un peu de retard sur la lecture de ton périple (pas d'accès internet durant mes vacances), je peux te dire quand lisant le texte d'aujourd'hui, sans avoir lu la journée précédente, j'ai dégringolé à la journée précédente au parapraphe qui commence par "au 42 ième km..." En plus, il s'appelle Dave... ;-)
J'espère sincèrement avoir le privilège d'assister au retour à la maison d'un grand homme.
Bon retour.

Anonyme a dit...
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Anonyme a dit...

ERIC AFTER METING YOU UNDER MOST UN FORTUNATE CICUMSTANCES.I REALIZE YOUI REALLY ARE QUITE AN AWESOME PERSON. AND TO THINK THAT THE CARELESSNESS OF AN OTHERWISE VERY EXPERIENCED PROFESSIONAL ,COULD CUT SHORT THE LIFE OF SOMEONE WHO HAS DONE MORE THAN THE AVERAGE PERSON COULD EVEN DREAM OF PAINS ME FAR MORE THAN I COULD EVER EXPRESS.i TRULY THINK MAYBE LIFE SEEMS ALITTLE MORE VALUABLE TODAY THAN IT DID BEFORE YOU ENTERED KICKING TRUCK PASS. MAYBE SOMEDAY YOU'LL BE ABLE TO FINISH KILIMANJARO OR TAKE A BATH IN THE CONTINENTAL BASIN.AND IF YOU EVER NEED A ESCORT VEHICLE TO GUIDE YOU ON ANOTHER GREAT ADVENTURE LET ME KNOW .FOREVER IN YOUR DEBT KICKING HORSE DRIVER

NoFear a dit...

Wellwell... Tu nous en fait vivre de toutes les couleurs. Une chance que Monia m'avait donné un 'insight' sur ta condition avant que je te lise car sinon j'aurais passé un mauvais moment!
Continue en gardant tout ce côté positif bien ancré en toi. J'attend ton retour avec impatience mais prend le temps qu'il faut pour nous revenir dans un seul morceau et de grâce garde ton cuissard intact pour nous protèger de la vue de tes fesses!
Ciao!

NoFear a dit...
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