vendredi 8 août 2008

Jour 55: La douane en vue

163 km. Cum: 8116 km.


Port Angeles, WA - Ça m'arrive souvent d'être pris d'un fou rire lorsque je suis seul. Mes frères disent que je me compte des blagues que je ne savais pas. Ça m'arrive un peu partout, dans mon bureau, dans les corridors de l'usine, en roulant à vélo ou comme hier soir assis seul à ma table au restaurant. J'ai la faculté de me rejouer intérieurement une scène cocasse que j'ai vécue ou une situation absurde que j'imagine ou exagère à partir d'une anecdote qu'on m'a racontée. Le chien qui a volé un dentier, quelqu'un qui tombe, n'importe quoi. Hier au resto, en cherchant la salle de bain des hommes, j'ai vu la toilette des femmes. Deux cuvettes côte à côte sans aucun séparateur. Même en Chine, je n'ai pas vu ça, il y avait toujours au moins une demi-cloison. Une fois à ma table, les situations que j'ai imaginé à partir de cette absurdité m'ont fait feindre que des blagues sortaient de mon cellulaire.


Après mon déjeuner à la même place (où je suis retourné m'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un bidet), j'ai pris la route à 7:30 sous un voile de brume. Ma route n'est pas très compliquée aujourd'hui, c'est la route 101 jusqu'à Port Angeles. Avant de sortir de Shelton, je passe devant une église luthérienne. Sur l'affiche supposée attirer de nouveaux fidèles, on met des mots dans la bouche de Dieu. Si on m'avait demandé d'imaginer une citation fictive de Dieu pour l'afficher devant l'église, j'aurais sûrement évoqué la création de l'univers ou quelque chose de grandiose. Qu'est-ce que nos amis luthériens ont choisi ? «I made Chuck Norris» - God (J'ai créé Chuck Norris. - Dieu). Chuck Norris ! Si Dieu a créé Chuck Norris de façon délibérée, c'est sûrement juste avant d'avoir créé la lumière...


C'est frais et nuageux, mais toujours pas de pluie. Pour la majeure partie de la matinée, je longe le canal Hood de près. C'est comme ça que j'imaginais l'état de Washington. La distance de la rive opposée fait que j'ai l'impression de longer le Lac Témiscouata (la pluie en moins). De temps en temps la route zigzague dans une anse où se cache un hameau vivant du tourisme nautique. C'est très agréable. Je suis sur la péninsule Olympic la veille de la cérémonie d'ouverture des Olympiques alors que c'est ma cérémonie de clôture de 55 nuits consécutives aux USA. Au centre de cette péninsule, il y a quelques belles montagnes, mais de la rive Est seul le mont Constance est bien visible à la hauteur de Brinnon. Heureusement, la brume et les nuages se sont dissipés avant mon arrivée à cet endroit.


À Quincene, je prends une longue pause après 90 km. Dans l'après-midi, je m'éloigne de l'eau, ce qui veut dire que je monte. Rien d'énervant, jamais plus de 200 m à la fois. Juste avant Sequim, à 25 km de Port Angeles, on annonce une piste cyclable au nom invitant: "Olympia Discovery Trail". Comme ça va jusqu'à Port Angeles, je m'y engage. Je me retrouve dans Sequim dans le trafic après avoir perdu la trace de la piste. Aucune affiche pour m'y remettre, alors je reviens sur la 101.


À moins de 10 km de Port Angeles, je prends une photo des montagnes du parc national Olympic, maintenant qu'on les voit bien. Je repartirais si mon pneu arrière n'était pas plat. Une crevaison, c'est une crevaison, mais juste avant d'arriver, il me semble que c'est cinq fois pire. J'ai essayé de me mettre dans la peau de Kyle qui était rayonnant après sa crevaison, mais il faut croire que je n'ai pas son secret.


Je suis arrivé à 17:15, ce qui n'est pas si mal. J'ai passé beaucoup de temps après mon arrivée à planifier les traversiers et surtout m'assurer de pouvoir m'héberger pendant le weekend. Demain, ce sera une journée inhabituelle. Traversier vers Victoria. Visite de la capitale de la C-B. 30 km de vélo jusqu'à Swartz Bay pour prendre un autre traversier vers Vancouver. Balade dans la ville et quelques dizaines de km pour aller dormir en banlieue. Ça va faire drôle d'utiliser des billets de banque tous de couleurs différentes et de traîner 2 lbs de change. Vent du Canada.


48.1054, -123.3960

1 commentaire:

Anonyme a dit...

55 jours au USA, ça fait pas trés rond comme chiffre, mais bon, ce n'est pas irrationnel non plus. (En passant, c'est un peu déconcertant que l'espèce soi-disant intelligente sur cette planète, utilise des nombres irraisonnables, pour d'écrire et comprendre l'univers.)

Trêve de facéties et benvenuté en la Canada mi amigo! Mille bravos et mille mercis pour cette aventure satisfaisante pour un , mais combien délectable à lire pour d'autres. Par le temps que tu va arriver dans notre bien plus belle province, (allons tous en choeur) Y mouillera plus pantoute, pantoute, pantoute, y mouillera plus pantoute...la compagnie des parapluies, a viré banqueroute !

Bon la pluie, c'est pas la fin du monde. Après tout, celle-ci n'est qu'en 2012, alors cela te donne suffisamment de temps pour descendre la grand côte des Rocheuses, abuser du chinook dans les Prairies et finalement tombé face à face avec nos belles couleurs de nos érables. Hier après-midi, j'étais sur le balcon arrière de l'observatoire avec des touristes et je leur faisais remarquer que la vue était splendide quand les couleurs des arbres remplissaient la vallée. Le plus vieux d'entre eux, en remarquant la tête rouge d'un jeune érable dans la montagne, s'est exclamé " Tabarnack... lé couleurs sortent pis l'été n'est même pas commencé."

El macairo