lundi 4 août 2008

Jour 51: Woohoo !

195 km. Cum: 7508 km.


Neskowin, OR - Derrière la magie du désir, si petit soit-il, se cache souvent le piège de la trop grande attente. On prend plaisir à anticiper comment ça va se passer et parfois cette attente est déçue. En mettant le nez dehors ce matin, je savais que le scénario que je m'étais imaginé pour la journée qui m'amène au Pacifique battait un peu de l'aile: Un détail important, il vente nord-nord-ouest. Quel est mon cap aujourd'hui ? Nord-nord-ouest... Depuis le Wyoming, j'ai gardé l'habitude de partir tôt pour battre le vent de vitesse, mais ce qui prévaut au Wyoming ne fonctionne pas nécessairement en Orégon. À sept heures du matin, 9 C, je décolle.


Après une vingtaine de km dans la plaine, je sais déjà que ce sera long et difficile et j'ai déjà ma tronche de râleur. Le vent s'est levé bien avant moi. Avant le trentième km, je rattrape un type qui roule sur son vélo hybride. Il va visiter sa fille à Corvallis. Je décide de rouler avec lui, même s'il n'avance pas. Faire la conversation avec un inconnu, ça éloigne le schtroumpf grognon. Très sympathique, mais très hermétique. Pas réussi à savoir s'il est Démocrate ou Républicain. Quand je quitte mon compagnon, j'ai 65 km de fait, mais il est déjà 11 heures. Je fais un lunch rapide et je pars vers Monmouth, résigné à rouler parfois à 15 km/h sur le planche. La manivelle aux plaisirs tourne dans le beurre. Je compte les milles à chaque borne. À Monmouth, je m'assois et me contente au comptoir à crème-glacée sachant que ça ne m'avance pas d'arrêter pour m'empiffrer. Pour ce rendre à l'autre village, 6 milles de piste cyclable. Les autres journées, c'est: Wow, cool, une piste cyclable. Aujourd'hui, c'est: Eh b'en, une piste cyclable.


Une autre de mes attentes de la journée, c'était de voir de la vigne. Je suis dans Willamette Valley et à part la carte, la seule place où j'avais vu Willamette Valley, c'est sur une étiquette de bouteille de vin. Depuis ce matin, c'est une succession de champs de blé et de foin. Il y a bien eu un verger de poires, un producteur de noisettes, quelques bleuetières et des pépinières d'arbres de Noël, mais pas de raisins sur cette route. Les vignobles sont autour de Mcminnville plus au nord et comme je bifurque à gauche pour rejoindre la côte, je les manque tous.


Un seul vignoble, Château Bianca, en haut d'une longue côte s'offre comme une récompense ou une nouvelle tentation de m'esquiver du vent pour un moment. Je prends quelques minutes pour au moins aller voir le produit et discuter de la viniculture locale. Ça se transforme en 45 minutes et la dégustation de 4 produits. Influence du proprio allemand, ils produisent du Gewürztraminer en plus du Pinot noir typique en Orégon. Belle pause, mais quand j'arrive à Grand Ronde, le prochain village, il est déja 16:30 et il reste 30 milles...


Après Rose Lodge vers 18:00, il reste encore 15 milles et une butte de 200m à grimper avant de redescendre vers l'océan. Malgré la fatigue, le froid et le batince de vent qui ne lâche pas, le sourire me revient avec la pensée réjouissante que j'atteins l'océan Pacifique en ayant parti de chez-nous sur ma bécane. Je me fais une image. Je vais arriver au sommet de la côte, je vais redescendre quelques lacets et soudain, je vais sortir du bois et une grande étendue bleue va m'apparaître. Ah, les attentes ! Je ne finis plus de sortir du bois et quand j'arrive en bas, trois gros hôtels, dont celui auquel j'ai réservé une chambre, bouchent la vue. Pour voir l'océan, il faut contourner ces bâtiments et marcher 500 mètres dans du sable meuble. Il y a une file devant le seul restaurant qui ferme à neuf heures et... et puis merde, je viendrai voir ça demain.


Pour une rare fois, je suis allé manger avant de passer sous la douche. Comme je suis seul, je n'ai pas attendu trop longtemps dans la file. J'ai accepté que Pam et Don s'installent à ma table. Ils déménagent dans ce qui était leur résidence secondaire. Ils ont vécu au Colorado, au Montana, en Louisiane, suivant le travail. Leur compagnie est très plaisante. En partageant mes impressions sur mon périple, j'explique que la courbe normale de toute population fait en sorte que sur une période assez longue, il est inévitable de tomber sur des idiots, mais que bizarrement et heureusement, en 51 jours, je n'en ai pas encore rencontré. Don me dit que si je veux rétablir ma courbe, il peut me présenter son gendre. J'ai tellement ri, ça a fait ma journée...


La plupart des cyclistes qui arrivent de l'Est terminent à Astoria (où je devrais passer bientôt), le terminus ouest de la Transam Trail. C'est l'endroit typique où les cyclistes célèbrent leur accomplissement. Dans mon cas, ici ou Astoria, l'océan n'est qu'une étape marquant un changement de direction. Reste à souhaiter que le vent se calme, mais je ne m'attends à rien de tel pour demain. Vent de proue.


45.1022, -123.9829

7 commentaires:

Unknown a dit...

Salut Éric,

Ne te plains pas trop du vent, ici au Québec, les vacances de la construction se sont résumé par 13 jours de pluie sur 15. Inondation, refoulement d'égouts, etc,...
Le tout c'est terminé par un effrondement de route à St-Marc du Lac Long, avec conséquence, qu'une voiture a été emporté par les eaux et qu'un père s'en est sorti miraculeusement et est hospitalisé pour choc et hypothermie, alors que sa conjointe est toujours manquante et que l'on a repêché son garçon de 9 ans ce soir...

Il pleut toujours et on prévoit la même température jusqu'à mardi...

Il a tellement mouillé, que nous prévoyons terminé la saison des Braves de Cabano aux alentours de novembre...

Je t'avouerai que le seul soleil que j'aurai eu durant mes vacances, c'est de te lire chaque soir...

Si tu rencontre une tribu indienne qui connait la dance du soleil, apprends la, tu vas faire fortune en rentrant.

Salut le Pacifique de ma part et bonne route!

Vent de tempête

Unknown a dit...

Je suis tellement fière de toi. Ça y est tu peux toucher le Pacifique

Anonyme a dit...

Comme dit si bien Jeepee, à défaut de chaleur ici, la lecture de tes pensés nous réchauffes.
En lisant tes commentaires, ça me fait penser à lorsqu'on regarde des acrobates: ça semble si facile mais on sait que c'est le résultat de bien des efforts.
Lache pas vent de chaleur...
- rd

Eric Garant a dit...

L'exploit est au rendez-vous, c'est grand. Bravo!!!
Enorme respect pour toi! Te suivre tout le long de cette expédition c'est génial.
Je suis fier d'avoir un pote avec autant de volonté dans ce qui le passionne !

Anonyme a dit...

Garant a bien parlé! Bravo Eric, J'en reviens pas! Ça doit être tout un feeling de voir l'océan. Maitenant, tu vas pouvoir faire comme Forrest Gump. Il ne manque que les dissiples! : )

Wally!

Anonyme a dit...

Bravo Eric ! Toute une réalisation. Je pense à plusieurs superlatifs pour tenter de décrire ton exploit, mais aucun ne réussi à lui rendre justice. Malgré que tu mentionnes que ce n'est pas ton objectif final, prend le temps de célébrer un peu, car il s'agit de tout un "milestone".

PS France peut maintenant dire qu'elle a vu (rapidement) Cabano et Saint-Louis du Ha! Ha! chemin faisant vers l'Ile du Prince Edouard.

On continue toujours à te lire assidûment !
Sylvain M.

Anonyme a dit...

Éric!!!
C'est avec presqu'une semaine de retard que je lit les lignes de ton arrivé sur le pacific!!!
Wow!!! Le jour de ma fête en plus ;-) J'étais en vacances à Cape May.. Pas mal plus agérable qu'au Québec...
Félicitation pour cette étape importante!!!
Je continu mon rattrappage...
Bonne soirée!