mardi 12 août 2008

Jour 59: Festival de grimpe

209 km. Cum: 8529 km.


Kamloops, BC- J'ai quitté Hope, la capitale mondiale de la sculpture à la scie à chaîne, vers sept heures. 15 degrés avec quelques nuages qui s'accrochent aux montagnes. La mise en jambes est brutale avec un gain de 200 mètres dans le premier 5 km. Ensuite, la pente se civilise, mais ne prend aucun répit. Je reprends alors la routine des Rocheuses avec une pause à tous les gains de 100m. Je remonte la rivière Coquihalla qui donne son nom à la route 5. À mesure que je grimpe, le canyon se resserre. À quelques endroits, la route est en zone d'avalanche. Les nuages persistent à coiffer les montagnes, mais je peux quand même apprécier quelques parois rocheuses impressionnantes. Au deux tiers de la montée, un tunnel artificiel a été aménagé, probablement la solution aux nombreuses fois où la route a dû être ensevelie sous la neige qui se détachait de la paroi. Au 45e km, c'est le sommet de ce premier col à 1244 m. Ça m'a pris trois heures.


Juste après le sommet, avant le poste de péage, il y a une halte routière minimale. Tellement minimale que l'eau est non-potable. J'y arrêtais pour remplir ma bouteille. Comme je m'apprête à repartir, une femme s'intéresse à mon itinéraire. Je lui explique mon affaire et elle me répond qu'à Salmon Arm (100 km à l'est de Kamloops) il y a un festival de blues le weekend prochain. J'ai beau aimer le blues, c'est aussi pertinent pour moi que le festival du cochon graissé de Ste-Perpétue, puisque le weekend prochain, je serai sans aucun doute en Alberta à quelques centaines de km de Salmon Arm. Elle cherche peut-être désespérément un rancard pour le weekend.


Pas de péage pour les cyclistes, la côte étant le prix à payer. 30 km de pente douce passent joyeusement à la moulinette sur le braquet 53x12. Les nuages sont restés accrochés au sud du col, c'est alors sous un ciel complètement dégagé que ma route se poursuit en ondulant entre 900 et 1100m. À l'approche de Merritt après plus de 110km, alors que j'amorce la descente finale, une crevaison efface mon sourire. Toujours la même chose quand on roule sur l'accotement, c'est un fil de métal provenant d'un débris de pneu.


Le pneu regonflé, je m'élance vers Merritt, la capitale canadienne de la musique country. Je n'invente pas ces trucs, c'est écrit sur le panneau de bienvenue de la ville. Je prends la première sortie et j'aurais dû prendre la deuxième pour les services. Ça se traduit par un détour de 5 km. C'est le genre de chose que la carte évanouie du GPS m'évitait. Merritt est situé dans une cuve à 600 m. Quand je repars à 1:45, vous devinez que ce n'est pas en descendant. Ça monte et ça monte. Le terrain est plus sec, la forêt moins dense. J'ai l'impression de rouler sur un plateau. Comme je n'ai plus les détails précieux des cartes de l'ACA qui n'existent pas pour la traversée du Canada, je grimpe ne sachant pas où ça va culminer. Le sommet se trouve au delà de 8 pauses à 1444 m. On anticipe toujours la descente, mais ici, elle se fait attendre. Il y a trois ou quatre faux sommets, ensuite la route ondoie constamment entre 1200 et 1300m.


À 25 km de Kamloops, j'aperçois le meilleur indice d'une descente significative, la zone de vérification des freins pour les camions. Ça descend en deux paliers qui mènent à l'entrée de la capitale canadienne des tournois. Il y a un troisième palier et c'est la ville elle-même qui est bâtie dans une longue pente, le plancher se trouvant à 350 m au bord de la rivière Thompson.


En ascension cumulée, 2600m, cette journée déclasse le jour 31 au Colorado lors du passage du col de Hoosier. J'ai travaillé fort, mais j'ai beaucoup aimé ma journée, les pentes se travaillant tellement mieux que le vent. Demain, je bifurque vers l'est en direction de Revelstoke sur la Transcanadienne. Ça risque d'être le festival du camion-remorque. Vent de turbulence.


50.6723, -120.3084

3 commentaires:

NoFear a dit...

Après Breckenridge et jackson au Colorado et Wyoming, tu arrives maintenant dans les patelins canadiens qui nous ont permis à nous skieur quelques escapades mémorables dans le coin de Fernie...

Carte mémoire fuckée!

Vive la technologie... comme ca c'est sûrement très différent de prévoir les côtes qui arrivent versus les sentir quand l'acide lactique te monte dans les cuisses!

Have fun vieux pot!

Anonyme a dit...

2600M, c'est 7 fois Bromont. Nous qui étions heureux de l'avoir monté 2 fois aujourd'hui...

De Jack pour Wally, Marco et Garand

Anonyme a dit...

Salut Éric!
Depuis le début de mes vacances, j'avais pris du retard dans la lecture de tes recits mais ce soir, ça doit faire plus d'une heure que je suis assise devant mon ordinateur pour me remettre à jour!
C'est vraiment incroyable de voir toute la distance que tu as parcourue jusqu'à maintenant. Tes récits sont super intéressants. C'est une vrai drogue! Merci de partager ça avec nous.

Lâches-pas!