mercredi 2 juillet 2008

Jour 18: Au delà du Mississippi

127 km. Cum: 2706 km.

Ste-Genevieve, MO - Une bonne nuit de sommeil quand c'est nécessaire aiude à refaire ses forces. Quand le corps le demande, il faut obtempérer et savoir différencier récupération de paresse. À huit heures, je me sentais d'attaque pour aller découvrir ce que la route me réservait. Il devait être neuf heures quand j'ai fini par mettre les pieds sur les pédales sous un ciel d'azur et une température déjà élevée. C'est le genre de journée où je ne dois pas m'attendre à une grosse distance. En plus, je n'ai pas vérifié la route qui m'attend, ni mes options concernant l'hébergement quitte à me retrouver gros Jean comme devant.

Première surprise, des champs inondés qui couvraient la route trois jours plus tôt. Je n'ai jamais pédalé si près de la surface de l'eau. Les aigrettes et les hérons m'ont ramené en Camargue, il ne manquait que les flamands roses. L'aberration saute aux yeux quand on constate que les poteaux de téléphone sortent directement de l'eau tout comme de gros arbres matures. J'ai fait une courte pause au magasin général pour me faire confirmer que derrière ce joli décor lacustre, il y a un petit malheur local. Normal, saisonnier ou exceptionnel que j'ai demandé. Exceptionnel qu'on m'a répondu. Il y a des trappes de contrôle sous la digue du fleuve et il est impossible de les ouvrir tant que celui ci n'aura pas repris son niveau normal. Les fermiers ne peuvent planter et perdent de précieux revenus, sans compter les dommages aux résidences et les multiples détours à faire. Justement, on m'annonce que je devrai contourner la route principale via le plateau qui coiffe le comté. Là, l'homme et la dame ont entamé une argumentation croisée concernant mes options et ma capacité à ne pas me perdre avec ou sans GPS comme si je n'étais pas là. Hog Hill qu'il m'a dit...

Je fais un petit bout de chemin qui me mène à la digue du fleuve Mississippi. Je n'avais pas réalisé que j'étais si près. Le Mississippi du Père Marquette, de Lewis & Clark et de Mark Twain. Je sors de mon rêve éveillé lorsque ma route bifurque de la digue pour reprendre la grand-route et que je dois m'immobiliser à un passage à niveau pour regarder passer le plus long train que je n'ai jamais vu. J'ai arrêté de compter à 350 wagons, j'étais en train d'attraper le tournis. De l'autre côté, voilà ce qu'on m'avait promis: "Road closed". Je suis contraint de prendre la route vers le sud-est et moins d'un km plus loin, ah ha, Hog Hill Road...

Le salut des inondés se trouve en altitude et j'ai dû mouliner plusieurs tours de 39X27 pour me hisser sur ce plateau qui est un véritable oasis boisé dans cette plaine qui entoure le fleuve. Une fois sur le plateau, j'ai navigué avec le GPS qui a dû se résigner à me faire faire du chemin de gravier qui m'a fait craindre la crevaison. Mes pneus sont vraiment bons. J'ai abouti à Chester sur la rive illinoise du fleuve. Juste avant de traverser, un arrêt à la statue de Popeye dont l'auteur est né ici. Il y a vraiment de ces trucs dont on n'a pas idée de trouver sur notre chemin.

Je traverse solennellement le pont qui me fait pénétrer dans le Missouri et l'Ouest avec un grand O. Il faut tout de même voir aux choses domestiques, car il ne me reste qu'une gorgée d'eau dans la bouteille et la poche de Gatorade ne répond plus depuis 5 km. Voici une méga station-service où l'essence est 25 cents le gallon moins cher qu'en Illinois ne me demandez pas pourquoi. Là, j'engouffre 1,5 litre de liquide de toutes sortes sans uriner tout en bouffant un peu de tout. Il était moins une, mais l'hydratation n'est pas une science exacte, car je suis reparti après cette longue pause assez frais quand même.

Il se fait tard, car je suis parti tard... 25 km de chaleur intense pour me rendre à ce motel de Ste-Genevieve. Ce court trajet de fin de journée fut vraiment le plus chaud que j'ai eu. Section d'asphalte toute neuve dont la noirceur irradie, le Gatorade qui sort du frigo se réchauffe comme un café en 5 minutes dans le tube exposé et il me semble que les champs de maïs que je longe sentent le pop-corn. C'est t'y assez chaud à votre goût ?

Une belle journée malgré la chaleur et les détours. J'ai rencontré Popeye, me suis rappelé notre visite de la Provence et vogué en songe sur le grand fleuve avec les personnages de Mark Twain. J'avais déjà posé les yeux sur le Mississippi à St-Louis et en Louisiane notamment, mais le fait de réaliser que je m'y suis rendu en pédalant, comme à Niagara, j'ai eu une petite montée d'émoluments. Vent de crue.


37.8748, -90.0362


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