mercredi 2 juillet 2008

Jour 19: À l'assaut des Monts Ozarks

191 km. Cum: 2897 km.

Salem, MO - À 6:00, heure du déjeuner continental, je suis prêt, mais pas la fille de la réception qui ne fera pas une carrière d'hôtelière. Hier soir, je lui dis que le drain du lavabo coule et que ça fait un dégât dans ma chambre. "La 102, ah oui, je le savais...", "B'en oui, mais ça t'a pas tenté de me donner une autre chambre ?". Quand elle s'est finalement levée pour le déjeuner après que j'aie sonné trois fois, elle a garoché des danoises sur le comptoir, préparé un pot de café et pour le reste organisez-vous. Un grille-pain, pas de pain. Des céréales, des bananes et du lait au moins. Je me suis sauvé la vie.

Sur la route tôt, j'ai même un petit frisson en partant, mais c'est agréable sachant combien je vais crever plus tard. Aujourd'hui, je n'ai qu'une chose en tête: Les monts Ozarks. On m'a averti que c'était la portion la plus difficile, alors je suis en mode travail, pas en mode plaisir. Je monte les pentes sans me donner de mal, je maudit les trop longues descentes sachant que je vais me taper la remontée. Je remarque à peine le paysage. J'ai traversé St-Joe State Park dans le comté de St-Francois (Il y beaucoup de saints sur le bord du Mississippi) et le Johnson Shut-Ins State Park (quel nom bizarre). Des pentes herbacées, des résidences éloignées, un peu d'élevage, des arbres en masse. C'est le début des campagnes électorales semble-t-il, il y a de plus en plus de pancartes pour les postes les plus obscurs. Hank Mathes, Démocrate, veut être élu commissaire du 2e district. Je ne sais pas ce que ça fait dans la vie, mais je peux vous dire que ça couvre grand de territoire, j'ai vu cette pancarte presque toute la journée !

Deux points de ravitaillement avant 80 km. Ensuite, c'est à sec. Comme souvent, je vois des noms sur le GPS, mais ce que je pense être un village, n'est même pas un hameau, ni même un lieu-dit. On dit un trou par chez-nous. Au 100e kilomètre, je décide de vérifier s'il y a de l'hébergement 50 km à la ronde. Well well, 90 km en piquant à travers direction ouest. Ou bien je continue sur la TransAmerica Trail avec aucune confirmation d'hébergement (le GPS n'y voit rien de bon) ou je coupe à travers en m'assurant un hébergement avant le 200e kilomètre et risque de me retrouver sur une mauvaise route et beaucoup de trafic. J'ai choisi d'y aller GPS.

Déjà, je trouvais depuis mon arrivée au Missouri que les camions étaient abondants et peu courtois envers les vélos. La route est belle, mais l'accotement très timide. En bifurquant de la route tracée, je ne prenais pas grand risque, sauf de trouver de nouvelles côtes. Bienvenue dans les Ozarks. Monte, monte, monte encore un peu, roule sur un peu de planche, descend, remonte, remonte encore. Prends ton souffle, boit, mange un peu. Monte, monte, monte, descend vite vite, dérailleur, clique, clique, monte. Bois. Il n'y a plus de Gatorade. L'eau est chaude dans la bouteille. Arrête chez quelqu'un, demande à remplir la bouteille d'eau, essaye de ne pas me faire bouffer par leurs 5 chiens. Monte, descend, monte, descend, plus d'eau. Espère qu'il y a des services au prochain trou. Arrive au trou, une taverne qui ne ressemble pas à une taverne, mais on entre quand-même. Vidéo poker, vieux schnock et barmaid efficace. Deux Cokes, deux bouteilles d'eau, des croustilles. Pardon, pardon ? Accent du sud, marmonne, à moitié chaud, je n'comprends pas la moitié. 16:00, je décolle la bouteille pleine... 40 km plus loin (copier-coller: monte, descend une bonne vingtaine de fois), Salem et une enseigne Holiday Inn Express. Terre! Terre!

Depuis quelques jours, le service 1X de mon cellulaire qui me permet de recevoir vos commentaires, d'envoyer mes articles et publier les photos n'est dans la zone de couverture de Bell ou n'est tout simplement pas disponible. Ce soir, j'ai un ordinateur à ma portée, je peux mettre à jour le blogue, mais mes photos sont captives de mon cellulaire. J'ai bien hâte d'être en zone de couverture, car ça rend le voyage plus interactif. C'est important de vous lire et de savoir que vous savez que je continue. Enfin, vous comprenez.

Quand j'étais encore dans la taverne, j'ai cru ne pas pouvoir me lever de cette chaise. La barmaid servait la bière dans des bocks sortis du congélateur. Quelle torture. Je me suis remis en selle avec la détermination de me rendre et j'ai senti une brise venu de Bromont me pousser jusqu'ici. Vent d'adrénaline.


37.6357, -91.5356



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2 commentaires:

NoFear a dit...

GO on my friend! On souffle dans ta direction!

Keep it on!

Anonyme a dit...

Éric,
Tu as dû sentir nos pensées s'intensifier plus les jours sans nouvelle s'acumullait. Tu peux être certain qu'on en parlais à tous les jours... Un peu plus, on importunait Monia à la maison. :-)
J'espère que toute ces montés et descentes ne t'on pas trop donné la nausé... Comme j'aurrais aimé être avec toi..