jeudi 10 juillet 2008

Jour 27: Hotel ou Motel ?

79 km. Cum: 4044 km.


Tribune, KS - Après 27 jours d'itinérance, je commence à pouvoir faire la différence entre Hôtel et Motel. Hier soir, ignorant les quelques motels alignés sur la Main St, j'ai bifurqué vers le tout nouveau Best Western au sud de la ville. Accueil chaleureux, grand lobby, piscine, ordinateur, café à toute heure, journal gratuit distribué à la porte de la chambre au petit matin, c'est un hôtel. J'étais aussi au Best Western à Larned, la veille, mais ça, c'était un motel. Je dirais que de toutes les chaînes, c'est Best Western la moins prévisible et Holiday Inn Express, la plus constante.


La veille, ayant vu les prévisions de vent, j'ai décidé de dormir un peu plus ce matin et de rouler seulement une demi-journée en me rendant à Tribune. J'ai sorti de la chambre à 7:30. Il vente déjà tellement que c'est un journal du Colorado que je trouve sur le pas de la porte.


À la salle à déjeuner, Pete me salue. Il enseigne au Vermont et traverse de San Diego à Boston. J'ai rencontré son partenaire hier et comme ils ont hâte d'arriver à Boston, il s'est réjoui de la vitesse relative de mon cheminement jusqu'à ce qu'il voie que j'ai 10 fois moins de bagages. À mi-chemin, les rocheuses traversées, ils ont hâte de terminer. Rien pour les motiver, leurs conjointes respectives sont venues passées une journée complète avec eux pour célébrer l'anniversaire d'une d'elles et elles viennent juste de quitter. Ils sont longs à décoller ce matin, ils n'avaient probablement pas réalisé l'impact de cette belle visite et la difficulté de se remettre en marche.


Je finis par partir aussi, vers 8:20, détendu, prêt à faire un avant-midi de vent. Les prédictions sont exactes, 25 à 35 milles à l'heure sud-sud-ouest. C'est absolument infernal. Je prends plus de 33 minutes pour 10 km et c'est sans compter les pauses pendant lesquelles je dois tenir Cannondale fermement. Quand je dois me soulager la vessie, c'est une véritable cascade (dans le sens de cascadeur, on s'entend). Plus que jamais, il faut faire pipi dos au vent. Pour peut-être un km, le chemin s'est surélevé par rapport au terrain, j'étais alors exposé plus qu'à l'habitude et j'ai cru que le vélo se déroberait sous mes pieds pour aller s'écraser dans le blé d'inde. Après plusieurs km de ce vent, le trapèze gauche m'élance et j'ai compris pourquoi aujourd'hui. Le vélo est constamment penché de 10 degrés à gauche pour compenser la poussée latérale.


J'ai rencontré deux chanceux qui roulait vers l'Est. Jim de Cincinnati sur un recumbent et plus loin, Gary, professeur de science au secondaire en route vers sa Virginie natale. Gary roule avec un trailer, Bob, que toute sa famille préfère appeler Wilson (ref le film Castaway), car Gary dialogue parfois avec Bob. Son sac de guidon lui a causé un problème de surmenage des câbles qui a provoqué la rupture de sa manette de changement de vitesse du dérailleur arrière. Il a roulé 100 milles avant de trouver un atelier de vélo. Il va s'en rappeler longtemps. Le sac est maintenant transporté par Bob.


Après avoir reculé l'heure en franchissant la frontière du comté et réalisant que j'avais imperceptiblement gagné de l'altitude pour atteindre plus de 1000 m, j'ai abouti à Tribune, ma destination pour aujourd'hui. J'ai d'abord dîné au Chatterbox avant de m'enregistrer au Trails Inn Motel. Aucune possibilité de confondre avec un hôtel. Pas tout à fait l'endroit pour une lune de miel, ça sent le cani (un mot de par chez-nous qui s'est transmis par tradition nasale), mais la télécommande fonctionne, le téléphone aussi et la climatisation est efficace. Il y aura peut-être un journal devant ma porte demain matin, mais ce sera sûrement parce que le conteneur à déchets au milieu du stationnement déborde.


Tribune est une petite ville typique du Kansas. Les gens sont vraiment aimables. Les gens passent en voiture et m'envoient la main pendant que je déambule, la musique du iPod dans les oreilles, trottinant, dansant presque, au rythme de Pierre Lapointe, Plume et autres. Je pense même que je chante tout haut. Pendant ce temps, les haut-parleurs dans les poteaux crachent du soft-pop des années 80. À l'épicerie, on me souhaite bon voyage, même dans ma tenue de ville, c'est vous dire la commotion si je leur annonçais que je suis leur nouveau voisin. À la bibliothèque qui était fermée, j'ai jasé avec un ado qui est en fait le projectionniste du cinéma. Si je reste jusqu'à demain soir je pourrai voir Kung Fu Panda. Le cinéma ne fonctionne que du vendredi au dimanche.


Hier soir, j'ai appelé Mister Phil qui avait roulé avec moi à la St-Jean. On s'est échangé nos numéros de cellulaire et comme il vient de commencer une nouvelle randonnée vers l'Est au départ de Seattle, j'ai décidé de prendre de ses nouvelles. Il s'est tapé 100 km d'ascension dans les monts Cascades, mais là, il redescend dans les vergers de pommes.


Avec son attitude et son expérience, je le vois un peu comme un mentor pour la route. À propos du vent, il me dit qu'il a souvent inutilement pesté contre les rafales contraires qui peuvent transformer une plaisante balade en corvée de pédalage. Mais, comme il le dit, aucun cycliste n'est jamais venu à bout du vent, il faut faire avec. Il a raison, on ne nage pas contre l'eau, mais avec l'eau. Vent de caractère.


38.4666, -101.7532

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Salut Éric,

J'ai réalisé cette semaine en voyant une publicité sur le Tour de France que celui-ci n'est qu'une balade au dépanneur pour toi! Il disait que c'était 3500 Km en 21 jours; Y a rien là, t'es rendu à plus de 4000. Parfois, comme dans la vie, il faut regarder ce qu'on a d'accompli au lieu de ce qu'il reste à franchir. Ça met en perspective et ça montre que tu as presque que le tiers de ton parcours derrière toi. Félicitations! On peut, je crois, qualifier ce commentaire comme un support athlétique. Autre commentaire; Si tu pédales en Éric et d'autres en Chris, ben moi je peux te dire que de ce temps-ci, je bûche en d'Hémond!

Michael