lundi 7 juillet 2008

Jour 24: Vent de Kansas

167 km. Cum: 3585 km.


Newton, KS - Pour gagner la bataille contre la chaleur, il faut profiter de la fraîcheur matinale, alors j'ai mis les pieds aux pédales à 5:50. Encore faut-il qu'il y ait fraîcheur matinale, car il me semble qu'il fait aussi chaud qu'hier après-midi et le soleil n'est pas encore levé. Ici, le lever du soleil, c'est directement à la ligne d'horizon que ça se passe.


Après 45 km, j'ai pu avoir un semblant de déjeuner à Eureka. Les petites villes ont beaucoup de difficultés à garder un centre-ville vivant, victime du déplacement des commerces autour des gros Wal-Mart et autres méga-magasins. Comme la trail passe en plein dans ces villages à la Main St autrefois prospère, on n'y trouve souvent qu'une série de commerces moribonds et on finit par déjeuner au dépanneur.


D'Eureka, je dois rouler un autre 40 km jusqu'à Rosalia franc-ouest. Si hier le vent était SSO, aujourd'hui il est OSO et peu docile. L'herbe est bien peignée juste sur un côté. C'est sûrement le 40 km le plus difficile jusqu'à maintenant. C'est une route très passante et quand un gros camion passe, la turbulence nécessite de s'accrocher littéralement à la bécane pour ne pas la perdre.


À Rosalia, le Old Hat accueille les cyclistes comme il peut. Trop tôt pour dîner et le choix de victuailles à apporter est limité. Je prends 30 minutes de pause essayant de comprendre les problèmes d'articles tronqués sur mon blogue. J'allais partir quand deux cyclistes arrivent du même effort venteux. Andy et Sarah sont partis de Chicago et se rendent à Denver. Début trentaine, elle professeur, lui fraîchement gradué du MBA, ils profitent d'un mois avant le début de son nouveau travail au Colorado. Ils en sont au 13e jour, campent la plupart du temps, ont travaillé fort dans les Ozarks et souffrent le vent du Kansas. Ça fait du bien d'échanger avec d'autres illuminés du vélo et parler le même langage. Rien à voir avec ma rencontre vide d'hier. Chacun examine la bécane de l'autre, mon GPS, son trailer, ses bouteilles isolantes, mon pas de bagages, nos pneus identiques qui ne crèvent jamais. En fait, Andy a crevé pour la première fois ce matin même.


On a la même idée de se rendre à Newton ce soir. D'abord, on a 25 km vers le nord, ce qui sera trop facile avec ce vent endiablé. On se donne rendez-vous à Cassoday pour la halte-dîner. Je suis plus rapide, étant moins chargé, mais je crève un pneu pour la première fois depuis l'état de NY. Suffisait d'en parler. Ils me doublent, mais je suis quand même le premier au resto. Ça me fait réaliser l'avantage d'être aussi peu chargé. Buffet assez bien garni, on prend une bonne heure pour se sustenter, faire plus ample connaissance et surtout se préparer psychologiquement à 60 km de vent dans la face.


Heureusement que c'est une route secondaire où seulement une dizaine de camions ont fait vaciller le vélo. Même paysage que le reste de la journée. Puits de pétrole, pâturage pour les vaches, un peu de blé et de maïs. Malgré l’effort, il faut y reconnaître une expérience multi-sensorielle sans pareille avec le vent qui siffle, ce large horizon dégagé et ce ciel immense. Il fait chaud, mais c'est un peu moins pire qu'hier. Il faut tout de même s'hydrater constamment et à moins de 10 km, j'ai épuisé tout mon liquide. Aussitôt arrivé à Newton, j'ai acheté un litre de Gatorade, iglou, iglou, iglou, il est des nôtres, etc...


J'ai retrouvé Andy et Sarah pour souper. Une belle rencontre qui m'a donné un second souffle pour cette journée de vent infernal. Les km sont plus faciles quand on ne se sait pas seul sur le terrain et on peut échanger sur une expérience vécue ensemble. Vent de partage.


38.0426, -97.3209

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Salut Éric,
Content de voir que tu t'es fait des amis... Je te l'avais dit que tu étais très "liant".
Bonne journée!

Robert Michaud a dit...

Salut Eric,

Quel plaisir que de te lire a tout les jours. Merci de partager ce beau voyage avec nous. On es tous avec toi ici a Bromont.

Robert Michaud

Vent de partage