dimanche 27 juillet 2008

Jour 44: Avec pas d'casque

117 km. Cum: 6430 km.


Riggins, ID - Hier soir, je me suis promené au coeur de la fête du village, les Kooskia Days, l'évènement qui limitait mes options d'hébergement. Avec seulement 675 comme population, la fête est modeste. Vendeurs de rue, bières en liberté sur le trottoir, musique country, c'est festif sans prétention. Après souper, je traîne au stationnement de l'épicerie où un guitariste, son joueur de basse et son drum préprogrammé crachent du CCR, du ZZTop et du Santana pas trop mal pendant que les adultes attentifs regardent les infatigables jeunes enfants qui se trémoussent sans scrupules et surtout sans arrêt.


Ce matin, grasse matinée, petit déjeuner avec Greg et Carole qui sont de très bons hôtes sans fla-fla. On fait comme chez-nous. C'est toujours intéressant de pouvoir partager un peu de quotidien avec des gens de la place. Même si Greg a grandi dans cette maison, ça n'empêche pas la maisonnée de s'ouvrir sur le monde de diverses façons. Lui chérit son atlas et surligne toutes les routes qu'il a parcouru, il a une collection de monnaie étrangère. Elle a été élevée en Belgique par ses grands-parents et a déjà bien connu le français. Leur fils a épousé une fille du Guatemala, alors ils apprennent maintenant l'espagnol.


Je suis parti vers neuf heures sans trop me presser. C'est très facile à résumer comme route. Pour 50 km, ça monte de 1000m. Un village à 300m du sommet pour le ravitaillement. Au point culminant, le paysage change totalement. Les pins abondants et la verdure se font très rares, les montagnes s'assèchent et je descends 900m sur 15 km en constatant une hausse significative de la température. Je rejoins la rivière Salmon que je remonte en roulant sur le plat. Phénomène bizarre, j'ai souvent l'impression de descendre alors que le courant de la rivière me confirme que je monte. Il y a le vent du nord qui me pousse, mais l'illusion de descendre en montant est vraiment là. Les montagnes désertiques sont spectaculaires; dénuées de végétation, on voit toutes les arêtes et les ravins. La rivière est sinueuse comme hier ce qui ajoute beaucoup de suspense visuel. Il fait de plus en plus chaud. Il y a beaucoup de gens en kayak et en raft sur la rivière et mon passage suscite les cris et des appels de rames de chaque groupe. Moi, à leur place, je regarderais en avant...


Arrivé à Riggins, j'ai repris une centaine de mètres d'altitude et comme promis, je suis revenu dans le fuseau horaire Mountain en traversant la rivière. Il y a encore beaucoup de motocyclistes ici. Harley-Davidson est un gros vendeur dans le coin. Je dirais une moto sur deux. Ça fait toujours drôle de les croiser avec pas d'casques. Dans l'état voisin de Washington, le casque est obligatoire, alors ils doivent le traîner pour traverser. M'semble que ce serait plus facile de réfléchir à l'utilité du casque plutôt que de le mettre pour répondre à une obligation. Comme dit ma blonde, c'est à eux les oreilles.


Il y a d'autres particularités dépendant dans quel état on se trouve. Pour un Québécois, c'est un archaïsme de se faire demander si on veut la section fumeur ou non-fumeur dans un restaurant. Dans plusieurs états, on ne peut acheter de la bière et du vin que dans un Liquor Store, mais ici en Idaho, on peut tout acheter ça dans une station d'essence. Dans d'autres états, une section restreinte du dépanneur est réservée pour ces produits et il y a même des services à l'auto (!). Plusieurs pharmacies ont aussi le service à l'auto de même que la plupart des banques. Ce qui est commun à tous les endroits où je suis passé, c'est l'absence de recyclage. Quel dommage.


Aujourd'hui, je constatais justement combien parcourir ces états peu populeux et très républicains donne l'impression que l'immensité du continent n'a pas de limite à vue d'homme... Probablement, qu'à force de vivre dans aussi grand, les ressources semblent infinies, l'étalement urbain est un mince détail et la poubelle est un gouffre sans fond. Vent d'espace.


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1 commentaire:

Jean-Luc a dit...

"Probablement, qu'à force de vivre dans aussi grand, les ressources semblent infinies... et la poubelle est un gouffre sans fond."
Tu viens de mettre le doigt sur le bobo des américains. C'est peut-être à eux les oreilles, mais pas juste à eux la planète... mais ça ils ne le voient pas. Vent d'espérance...

- JLH