jeudi 31 juillet 2008

Jour 46: Molson salue les vrais

179 km. Cum: 6742 km.


Baker City, OR - Déjeuner un peu tout de travers ce matin. Le gars du motel m'offre un café et un gros muffin en m'expliquant qu'il a déjà réparé la machine à espresso en utilisant ses connaissances de chauffeur de machine à ciment. Ça explique peut-être que le café est un peu raide. Je traverse au dépanneur en face et enfile deux burritos-déjeuner avec un verre de lait. Je quitte Cambridge vers sept heures.


Je dois d'abord grimper 400m sur 50 km. C'est un col malcommode avec une pente hésitante, toujours entre deux braquets, jamais le bon, on ne sait plus sur quel pédale danser. Quand j'atteins le sommet, le paysage qui n'était déjà pas tellement boisé s'assèche encore plus. Comme la vallée est artificiellement inondée par un barrage en aval, ça crée un contraste agréable entre les montagnes jaunes et ravinées contre le bleu de l'eau. La descente de 600m est courte mais grisante. 10 autres km de collines longeant le lac mènent à un pont de l'autre côté du barrage. Ce pont enjambe la rivière Snake qui constitue la frontière de l'Orégon. On recule d'une heure et on continue à descendre la rivière jusqu'à Oxbow où on trouve les premiers services depuis le départ.


En repartant de là, je rejoins Kyle de New York qui quitte à l'instant son site de camping. Il est parti sur la TransAm Trail le lendemain de sa graduation du baccalauréat le 17 mai. Il voyage assez léger avec seulement un Bob trailer. Il préfère tout de même mon organisation, mais comme il est étudiant, il n'a pas le budget pour dormir au motel chaque soir. On s'entend à merveille et on roule ensemble jusqu'à Halfway où on trouve des fruits frais à l'épicerie. On grimpe ensuite côte à côte mon deuxième col de la journée profitant de la circulation très légère. Avec son vélo démodé avec les manettes au cadre, son maillot Molson Canadian et sa bouteille de sauce forte (un cadeau de ses amis) dans la cage à bouteille, il voyage avec l'attitude parfaite.


On se sépare prudemment au sommet du col après avoir remonté le 600 mètres perdus ce matin et on se lance dans la descente à-pic et trop courte qui mène à Richland. Vu du sommet, ce village et les terres arrosées qui l'entourent semblent un oasis au milieu de cette terre de Caïn. On interrompt la descente pour causer avec un couple allemand qui est venu rouler pour 5 semaines. Les européens ont invariablement des vélos d'une tonne avec des pneus d'un pouce. Au village, pendant que je fais le plein de Gatorade, on rencontre un autre cycliste du Tennessee qui est probablement le dernier cette saison en direction Est. Au jour 13, il n'a pas tout à fait pris son rythme. Kyle qui a mal déjeuné décide d'aller au restaurant. Comme je file de mon côté, on échange nos numéros de téléphone, car il sera aussi à Baker City ce soir.


Je repars pour le dernier 40 milles dans une chaleur sèche pour un troisième col aussi haut que le deuxième. Heureusement que le ciel est demeuré voilé toute la journée. Je cumule les mètres gagnés, mais je les perds constamment pour mieux les remonter. La dernière pente à moins de 15 km de Baker City semble un mur, mais il y a toujours un sommet. Les rayons du soleil percent les nuages et produisent presque une vision, comme si Baker City était sous les projecteurs en récompense pour ce dernier effort. Une belle descente et du planche en finale, j'arrive au motel suggéré par le Tennessien à 17:15.


Kyle est arrivé à 19:15, car il a fait une crevaison. Il est arrivé avec son tube accroché dans le cou en m'expliquant que ça l'avait mis de bonne humeur. C'est la crevaison la plus joyeuse que je n'ai jamais vu. Vent de tube.


44.7777, -117.8336

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Eric, tu semble rencontrer de belles personnes, j'aime les descriptions que tu en fais. Je continue à penser que ces gens sont sympathiques avec toi oui parce que tu les attire avec ton beau vélo... entoutcas...Hi hi mais surtout parce que tu fais que ces rencontres soient belles. Lâche pas beau bonhomme! Nancy

Jean-Luc a dit...

"La pente semble un mur, mais il y a toujours un sommet. " wow, quelle phrase pleine de sagesse, à se rappeler... Cette ballade réveille le philosophe en toi plus que jamais !
- JLH